Seconde main
Hissée
Perron et escalier ciré
La couturière
Sur son trône de roturière
Cherche la lumière
A la fenêtre elle coud
Entre les faîtages
Surfilages et rapiéçages
Ourlets et piqués rythment ses journées
Elle ne porte plus de nom
Enchaîne les essayages
Raccourcir un pantalon
Ajuster un jupon
Élargir les coutures des corps accordéons
Relâcher la pression des étoffes trop serrées
Couper ce qui dépasse
Les fils perdus jonchent le sol
Pluie fine de filaments déposée à ses pieds
Points lâchés des sutures pour cicatriser
Points précis des reprises pour durer
Entre l’aiguille et son dé
Ses doigts s’affairent
Cherchent l’ouverture
Dans le soleil de l’après-midi
Entre deux mailles
Lier les saisons aux intempéries
Gagner une taille
Sans faire de plis
Le tissu reparait
Prêt à porter des jours neufs
Le chas sans emprise
Laisse le fantôme onduler
A mesure que la robe glisse sous le pied de biche
La machine s’affole
Se ravise
Change de direction
Reprend son accélération
Enfin sûre de sa décision
En un rien de temps
L’affaire est bouclée
L’habit s’accorde à ses mesures
Le corps reprend son tempo.
J'AIME BEAUCOUP
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