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Point de chute

  À Vitry, se dressent les grands ensembles des guerriers Sans ascenseur les onze étages se montent à pied Les gardiens pointent de leurs lances le sommet À Paris, à chaque trottinette sa conquête Les pigeons agglutinés ne savent plus voler En banlieue, les invisibles du BTP attendent du travail devant les grilles de Merlin Le chantier du Tram n'en finit pas Longue saignée centrale qui chasse voitures et riverains dans des goulots chaotiques La Chaufferie avec cheminée couverte de poussière est à son tour asphyxiée Le MAC VAL et ses trésors de l'étranger sont malheureusement fermés C 215 avec tous ses visages gravés dans le marbre des boites aux êtres Ici, qu'on soit un peu fou, Bantou ou le dernier Mandchou On trace une géographie variable avec des lignes aventurières Dans les plis des rideaux de fer et des géants en béton nu.   Vitry-sur-Seine, août 2020 D'après les œuvres visibles dans l'espace urbain : Guerriers Bantous de Kouk

Haut et clair

  Qu'on arrive d'en haut ou d'en bas Les corps s'inclinent pour gravir ou dévaler la pente La petite fille pousse la grille du cimetière L'élégant perron ouvre ses bras aux enfants du pays La mousse recouvre d'îlots le granit de la tombe Les vases vidés de la pluie sont de nouveau remplis Des concessions oubliées vont être cédées Dare-dare loup lune enchante mes monts hauts Sans ornements le château veille sur son neck magmatique Les restes de sa splendeur toute entière surplombent les dernières lauzes Les buffets encombrants ont été déménagés Les jardins sont en friche, Trop de peine à les arroser Sur la terrasse, un parasol fait table rase des étés passés à faner Les fenêtres privées des croisillons de bois n'ont plus rien à confesser Le café de la Mimi est fermé Le bourg n'a jamais été aussi fleuri La maison a gardé son vieux crépi Les rues nouvellement bitumées ont été baptisées Plus de nids-de-poule ni de grav

Les Rocheuses

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Poème inspiré du film Lillian d'Andreas Horvath, 2019 D'après l'histoire vraie de Lillian Alling qui traversa l'Amérique à pied Les Rocheuses Niet Une femme prend la route Sans encombre  Sur les débris qui s'amoncellent Elle laisse les voies toutes tracées aux échangeurs routiers  Part sans se soucier de ses talons Au premier bois Trouve une maison qu'elle quitte avec la carte des États-Unis et un baril de maïs soufflé Dernier gros lot de conservateurs aux arômes artificiels Derrière les panneaux aux slogans rassurants Cette Diane des temps modernes se tait pour ne pas effrayer  Lillian ou Lilith personne ne sait Pour survivre la mutique ne prend que ce qui est donné Dépouille un épouvantail  Charité bien ordonnée et dépôts de vente placés sous la vigilance des caméras de surveillance Un chapeau de cérémonie jeté aussitôt volé Le rouge à lèvres barbouillé à peine séduite

5 à sec

La couette expédiée dans de sales draps n’en mène pas large Vivre sans peser ne prépare pas à être vilipendée Se voir ainsi tournicotée l’a déjà toute chamboulée Sur le comptoir, on lui prête une oreille attentive avant de la jeter au panier Les points de fidélité consolent de l’abandonner Quelques semaines sans y penser puis la culpabilité un jour réapparait On la restitue pliée et bien emballée Le blanc protège des insomnies  Calotte glaciaire sur les eaux calmes de la nuit A l’instant où une tâche sur la banquise surgit  Perdre le nord Inspection et stupéfaction La Responsable clame son innocence Aucun crime n’a été commis Ronron des tambours  La Maison est tout ce qu’il y a de plus trichlo  Sur les étagères  Le permafrost dans son plastique à effet de serre attend ses propriétaires Les rivières sortent de leur lit à chaque bloc qui se détache  Les brise-glaces fendent la crème brûlée des océans  L’e